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Prédication du dimanche 25 août 2019

Reconnaissance pour les 30 années de l’Eglise locale, partie 1 ; Matthieu Schnegg, part. 2

Jean 6. 16 – 21

 

Résumé

Chère Assemblée,

 

Cette année marque les 30 ans de la constitution de l’EEMT. Oui il y a longtemps, le dimanche 26.11.1989, un culte avait marqué ce fait. A cette occasion nous avions remis une plaquette aux personnes présentes, intitulée « Genèse de l’Eglise locale » (ex. à disposition). Aujourd’hui nous plaçons l’accent de la reconnaissance pour les 30 étapes vécues communautairement.

 

Dans la Bible, le chiffre trente est mentionné dans des contextes très différents: par ex. les Lévites entraient en fonction à l’âge de 30 ans, David aussi devient roi à 30 ans ; en Israël le juge Yaïr avait 30 fils qui montaient 30 ânons ; dans la parabole du semeur, Jésus parle des 30 grains qui naissent d’un épi dont la graine a trouvé de la bonne terre. En pastorale nous avons retenu un texte qui mentionne le chiffre 30 pour une distance parcourue par les disciples : les 25 à 30 stades dans une barque. Le stade est une unité de longueur antique, pour les Romains il équivalait à 185 mètres, soit 1/10 du mille marin ou de navigation aérienne moderne (1’852mètres, dans les pays du Commonwealth il vaut 1'853,18 m). 

 

Ce matin nous sollicitons votre imagination pour comparer 30 années de vie d’Eglise (av. des limites), avec ce trajet en bateau effectué par les disciples et où ils sont rejoints par Jésus qui marche sur l’eau. Nous avons entendu ce récit selon l’évangile de Jean, qui en donne une version résumée. Les évangélistes Matthieu et Marc précisent en introduction : « Il obligea les disciples à monter dans le bateau et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules » (Mt 14.22, Mc 6.42). Jésus qui oblige certains et renvoie tous les autres, c’est assez inhabituel ! Cela fait partie de la marche avec lui, cela contraste avec la notion de liberté qui est parfois unilatérale (ex. si pour l’achat de l’arsenal nous étions libres, réaliser les paiements et travaux de transformation sont des obligations).

 

1.    Avant le 1er stade en 1989

Une caractéristique de l’histoire de l’EEMT, a été la longue incertitude sur la nécessité de se constituer en Eglise locale. Il a fallu 20 ans, pour réaliser les décisions à ce sujet (14.12.1969 au 26.11.1989). De cette période je garde des souvenirs, forcément subjectifs, de longueurs qui me laissaient perplexe. J’observais que les personnes qui s’exprimaient sur l’éventuelle création d’une Eglise mennonite à Tavannes faisaient part de leurs incertitudes. Si c’était ok d’avoir un ou deux cultes par mois au village, l’idée était que l’essentiel de la vie communautaire se développe dans les Eglises d’où la majorité était issue : soit à la chapelle de Moron ou celle de Jean-Guy. La force de ces habitudes présidait les hésitations. N’est-ce pas trop risqué de développer une nouvelle famille ? Est-ce juste de donner moins de place à l’allemand ? Etc. Il y a eu différentes avancées, avant la montée dans la barque communautaire, suivies de mouvements de recul. Une période d’incertitude plus intense entre 1986 et 1988, a permis de trouver l’unité nécessaire pour l’embarquement. 

 

Aujourd’hui nous sommes reconnaissants pour les personnes qui ont entendu le Seigneur les obliger à monter dans un projet qui était d’une allure inconfortable, par rapport aux sécurités antérieures. Plusieurs d’entre elles sont au milieu de nous, toutes elles ont des histoires à raconter en lien avec cette période. En pensant aux 25 – 30 années (stades), qui sont les personnes qui se sont associées entre 1989 et 1994 ? Levez la main ! De manière générale, l’être humain hésite devant les enjeux.

 

2.    Un événement vers la fin du 5e stade

S’il y a des événements à raconter pour chacun des stades parcourus, il n’est pas question de cumuler des records dans le temps (à l’image de Simone Faggioli qui depuis 8 ans cumule les records à la Course de côte des Rangiers, longue de 5'180 m, cette année en dessous de 1’40’’, 1’39’’306). Certains stades connaissent plus de surprises ou de lenteurs. Je mentionne un exemple qui date du mois novembre 1994. A la demande de la pastorale, le pasteur Maurice Ray était invité pour parler du thème du discernement (18-20.11.1994), nous avions d’ailleurs organisé une rencontre « spécial jeunes » le samedi après-midi pour parler du choix du partenaire. Nous étions alors bénéficiaires des nouveaux locaux depuis un peu plus d’une année (fêtes et dédicace du 22-29.09.1993). Pour cultiver et grandir dans le discernement, il parlait de la proximité à cultiver avec Jésus, symbolisée dans les églises et chapelles par la présence de la croix. Il s’est retourné et après quelques instants de recherche et de surprise, il s’est exclamé : « Mais où est votre croix ? »

 

Sa question a donné une bonne impulsion au conseil et à la pastorale pour achever l’équipement du lieu de culte actuel. Evidemment l’interpellation n’avait pas une importance première, la présence de Jésus par le Saint-Esprit n’est pas reliée à un objet. Pourtant que serions-nous sans la présence toujours nouvelle et édifiante de Jésus ? Le récit de ce jour souligne cet accent qui sera abordé par Matthieu. Oui, rechercher personnellement et communautairement la présence de Jésus fait la différence.

 

 

3.    Un mot sur l’horaire des derniers stades

J’indiquais que Mt et Mc donnent quelques précisions supplémentaires par rapport à Jean, tous deux précisent que les derniers stades ont été franchis durant la 4èmeveille, soit entre 03h et 06h du matin. A moins que l’on exerce un métier où l’horloge biologique a été « exercée » différemment, pour la majorité des personnes il est difficile, voire très exigeant de travailler durant la 4èmeveille ! J’en ai fait l’expérience lors de mon apprentissage agricole, pour commencer le travail à l’étable à 04h00 il fallait me lever à 03h45 ; lors d’un mois d’activité à la Boillat de Reconvilier avec l’équipe engagée entre 04h00 – 12h30 ; lors de mon emploi au séchoir à herbe de Corgémont (horaire très irrégulier). 

 

Dans ces moments exigeants, où il faut vaincre le sommeil, certains paramètres se dérèglent. Par ex. ce qui touche aux notions d’urgence, aux risques non calculés, aux décisions prises dans la solitude. Toujours dans la comparaison de notre parcours des 30 ans avec les 30 stades, depuis plusieurs années nous connaissons des réalités qui correspondent à l’horaire de la 4èmeveille. Je pense aux préoccupations du manque de places, au long processus avant l’achat de l’arsenal, aux travaux de rénovation et de financement, aux attentes des personnes nouvelles ou présentes depuis, à la définition des nouveaux objectifs, etc. La barque de l’EEMT est sollicitée par le roulis de la mer, le cumul de vagues. Aujourd’hui, c’est la reconnaissance d’être gardé, de cultiver une communion saine les uns avec les autres.

 

 

Conclusion

Pour les temps de marche, les appels à rester à l’écoute de Jésus, les étapes de navigation, les inconnues qui se trouvent devant nous,… En même temps ce sont autant de moments clés. Pour y répondre, la tentation existe de nous précipiter vers des solutions liées à de bonnes intensions. Communautairement nous continuerons d’aller loin si nous nous alignons à une obéissance commune, peut-être avec l’impression d’y être obligé. Cela vaut la peine, car Jésus se révèlera encore différemment. Ce sera le thème présenté par Matthieu. Amen.

 

Ernest Geiser